La
crise du subprime (subprime mortage meltdown) se réfère à la
crise concernant les prêts hypothécaires aux Etats Unis.
La
crise des subprime, comme celle des Savings & Loan, suit
une période d'abondance de liquidité se traduisant par un laxisme
du crédit immobilier
Les prix de
l'immobilier aux Etats Unis ont commencé à apparaitre comme surévalués en 2006 . Il est
clair que le prix d'un actif immobilier doit dépendre des possibilités d'achat
par des acheteurs solvables,
et que le laxisme du crédit faisait croire à une possibilité de
remboursement qui était illusoire.
Par ailleurs les taux d'intérêt
augmentant et les prêts étant à taux variable, le coût du crédit s'est
encore renchéri. Alors que précédemment les emprunteurs pouvaient
facilement refinancer leurs prêts, les établissements de crédit ,
constatant la baisse de valeurs des maisons, ont saisi le bien
hypothéqué et l'ont fait vendre, amplifiant la baisse du marché
immobilier.
La crise de
l'immobilier a entrainé une défiance des marchés. Les techniques
d'ingénierie financière, reposant en particulier sur des
dérivés de
crédit et des rehaussements de crédit, non seulement n'ont pas
semblé avoir minimisé le risque comme cela était affirmé, mais par
ailleurs elles ont transféré une grande partie de ces risques sans qu'il
soit clairement déterminable où il se situait.
La
crise des subprime a été l'élément déclencheur de la crise financière
parce qu'au delà de la révélation de l'aspect toxique des actifs fondés
sur des crédits trop risqués elle a fait éclater la pyramide
artificielle des structures du marché des crédits et le développement
d'un marché du crédit à haut risques qui avaient été grossièrement sous
estimés.
Si la
crise s'est étendue aux
marchés financiers mondiaux , ce n'est pas seulement par un effet de dominos. Le
développement des subprimes n'était pas limité aux
crédits
immobiliers aux Etats Unis, il concernait également le
marché du
crédit immobilier au Royaume Uni. Le crédit immobilier dans une
contexte de bulle immobilière est aussi une caractéristique du marché
immobilier espagnol. En Allemagne comme au Royaume Uni des
établissements de crédit immobilier se sont développés en se finançant
de façon excessive sur le marché monétaire, se rendant ainsi très
vulnérable aux problèmes de liquidités.
D'autre
part les financements risqués n'ont pas été limités au marché
immobilier. Les montages financiers hypercomplexes avec
endettement excessifs par rapport aux capacités prudentes de
remboursement des emprunteurs, évaluation très optimiste des actifs,
options risquées quant aux taux, se sont aussi développés dans le
financement des collectivités locales, des infrastructures, des LBO's ou
des opérations de fusion-acquisitions. Tous ces montages utilisaient les
mêmes techniques, titrisation avec des
asset backed securities,
rehaussement de crédit, notation. Le marché des
CDO's s'est développé
de façon dramatique entre 2004 et 2007
C'est
dans le domaine des crédits immobiliers américains que les montages se
sont d'abord révélés un château de carte, mais si les systèmes
bancaires ont vacillé en Grande Bretagne comme en Europe, c'est parce
que les mêmes problèmes affectaient l'ensemble des financements. Il
devient évident que la protection contre les risques fournie par les
rehausseurs de crédit est illusoire, que la dissémination des risques
leur a fait perdre toute traçabilité, qu'ils ne peuvent être évalués,
que les produits financiers sont en fait toxiques.
C'est
d'abord dans le secteur des crédits immobiliers américains que le
problème éclate, parce qu'il était le plus sensible à l'évolution des
taux.
La
hausse des défaillances des emprunteurs hypothécaires américains due à la détérioration du climat
conjoncturel, le retournement du marché immobilier américain, les abaissements de notation des
assureurs monolignes au début 2008, l'affaiblissement de certains fonds alternatifs ont
servi de test de robustesse du marché, des engagements de garantie des
assureurs monolignes et des engagements de protection
(les CDS en particulier) qui étaient censés jouer en
assurance crédit. Le test a été négatif.
Les défaillances des
crédits subprime, ont démontré la protection fictive offerte par les
rehausseurs de crédit et l'aspect totalement fallacieux des notations
des produits structurés. Les défaillances relatives aux prêts
hypothécaires ont entrainé des difficultés pour les
hedge funds, la
dégradation des notes des rehausseurs de crédit a entrainé la
dégradation des notes de titres faisant l'objet des garanties
dévalorisées, et les dévalorisations des actifs se sont propagées.
Le
problème a été démultiplié en raison des effets de levier
particulièrement importants (plus de 30 fois dans le cas du fonds
spécialisé de Carlyle) utilisé par des investisseurs qui ont acheté des
titres ou des dérivés de crédit liés aux subprime, avec un endettement
considérable. En raison du financement bancaire , le risque s'est par
ailleurs retrouvé chez les banques.
Par
ailleurs la complexité des produits de titrisation, la non traçabilité
du risque et la réalisation des effets démultiplicateurs a amené
la réalisation que les risques des marchés financiers n'étaient plus
maitrisés, ce qui a bloqué le fonctionnement du marché interbancaire,
mettant en doute la solidité des banques et créant un séisme qui a
ébranlé Wall Street et de façon générale le système financier.
En ce qui concerne les
risques latents il convient de souligner que Le secteur des LBO
représente un encours de 1.000 Mds $
Par
ailleurs en ce qui concerne la réaction des investisseurs à
l'explosion de la dette américaine suite à la nationalisation de Freddie
Mac et Fannie Mae, d'AIG, de certains actifs de Washington Mutual et du
Plan Paulson , la moitié des 2.700 milliards de dollars de créances
émises par le Trésor américain est détenue par les pays asiatiques
(Chine, Corée du Sud, Singapour, Taiwan).